1280 ÂMes by Jean-Bernard Pouy

1280 ÂMes by Jean-Bernard Pouy

Auteur:Jean-Bernard Pouy [Pouy, Jean-bernard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 2011-07-16T05:15:45+00:00


8

Cette vacherie de 747 a entamé sa descente vers l’aéroport de Houston et mes oreilles se sont transformées illico en trompettes bouchées. L’impression d’être Miles Davis avec l’estomac juste derrière la luette. Le pilote, dans son sabir nasillard, nous avait avertis qu’il faisait frais pour la saison, c’est-à-dire 28 degrés Celsius au sol. Je ne me souviens plus combien ça faisait en Fahrenheit, tant j’avais les ongles plantés dans les accoudoirs.

Houston, Houston. Les Houston du père Platon.

Le dernier jour avait été aussi agité qu’une transat en automne.

Iris et moi avions donc rendez-vous à Roissy, elle prenait son vol trois heures avant moi. Mais, changement de programme, elle partait pour Dallas, deux heures après bibi. J’étais un peu dépité, Dallas et Houston, ce n’est pas comme Limoges et Châteauroux, il n’y a pas loin d’un fuseau horaire entre les deux, alors que c’est dans le même État… Magie des grands espaces. Aaaah l’Amérique ! Tout est tellement plus grand ! Mes genoux, oui.

À propos de genoux, les miens, après neuf heures de zinc au bas mot, étaient comme soudés par le calcaire, et pas de Calgon à l’horizon.

La bouffe, à bord, avait été du genre incompréhensible, il y avait eu une sorte de gâteau ressemblant à de l’agglo de douze arrosé d’alcool de sapin, et le champagne, servi dans des flûtes en plastique, avait dû être récupéré à Monaco juste après que Coulthard eut agité la bouteille.

Pendant les trois heures que j’avais passées avec Iris à Charles-de-Gaulle, on avait eu le temps de se bécoter et de se papouiller dans les limites de la décence admise dans les transits fritax. Et elle avait eu tout le loisir de me raconter son périple théâtral dans la Normandie et la Bretagne profondes. Et comme, dans l’axe de mon regard, il y avait le reste de la troupe, une bande d’allumés au piercing chevelu, je l’ai crue tout de suite.

En fait, elle avait participé au premier Festival tautologique de l’andouille, ne rigole pas elle avait dit, c’était organisé par la Drac, le ministère de la Culture, The Southern Comfort Theater Foundation, et la troupe invitée cette année était l’armada de hobos transsidéraux que j’avais devant moi, écroulés sur leur barda, riant, parlant fort et faisant des bulles avec leurs chouimegoms.

Elle m’a vaguement indiqué du doigt l’ordonnateur, le metteur en scène, un certain Adolfas Dolipranas, dramaturge texan d’origine lithuanienne, un des théoriciens de ce qu’on appelle toujours le Total-Théâtre, élève de Grotowski, collaborateur de Kantor et ami d’Eugenio Barba, une espèce de vieux babosse à catogan déplumé, entièrement vêtu de jaune citron.

— Je peux te confirmer, avait-elle précisé en préambule, que, pour totale, l’expérience a été totale. Vingt-deux spectateurs uniquement, parce que tout s’est fait dans un autocar, un Saviem déjà rempli des décors, costumes, matos et membres de la troupe. On a démarré sur le quai de la gare de Vire, et, hop, c’était parti pour 96 heures, je t’assure, montre en main, 96 heures de délire, la plupart des spectateurs ont terminé le



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